La culture du cacao au Cameroun, une richesse menacée par le changement climatique

Les informations sur le Cameroun nous révèlent qu’il est le cinquième producteur mondial de cacao, avec une production annuelle d’environ 300 000 tonnes de fèves. Le cacao est une culture stratégique pour l’économie du pays, qui représente environ 15% des recettes d’exportation et fait vivre plus d’un million de familles. Le cacao est cultivé principalement dans les régions du Centre, du Sud-Ouest, du Littoral, du Sud et de l’Est, où le climat est favorable à la croissance des arbres.

Cependant, le changement climatique constitue une menace sérieuse pour la pérennité de la culture du cacao au Cameroun. Selon les projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la température moyenne au Cameroun pourrait augmenter de 1,5 à 2°C d’ici 2050, et les précipitations pourraient diminuer de 10 à 20%. Ces variations climatiques auront des impacts négatifs sur la production et la qualité du cacao, ainsi que sur les conditions de vie des producteurs.

Les impacts du changement climatique sur la production du cacao

Le cacao est une plante qui nécessite un climat humide et chaud, avec une température comprise entre 18 et 32°C et une pluviométrie annuelle entre 1500 et 2000 mm. Le changement climatique pourrait modifier ces conditions optimales et affecter le rendement et la santé des cacaoyers.

En effet, l’augmentation de la température pourrait réduire la photosynthèse des arbres, limiter leur croissance et leur résistance aux maladies et aux ravageurs. La diminution des précipitations pourrait entraîner une sécheresse prolongée, qui affecterait la floraison et la fructification des cacaoyers. La variabilité des saisons pourrait aussi perturber le cycle de production du cacao, qui dépend de la régularité des pluies.

Selon une étude menée par le Centre international pour l’agriculture tropicale (CIAT), la zone favorable à la culture du cacao au Cameroun pourrait se réduire de 20% d’ici 2050, en raison du changement climatique. Les régions les plus touchées seraient celles du Sud-Ouest et du Littoral, qui concentrent actuellement plus de la moitié de la production nationale. Les producteurs devraient alors adapter leurs pratiques agricoles ou se déplacer vers des zones plus propices, comme celles du Centre ou de l’Est.

Les impacts du changement climatique sur la qualité du cacao

Le changement climatique pourrait aussi affecter la qualité du cacao, qui dépend de plusieurs facteurs liés au climat, au sol et aux techniques de récolte et de transformation. La qualité du cacao se mesure notamment par sa teneur en beurre de cacao, son arôme, sa couleur et son taux d’humidité.

L’augmentation de la température pourrait réduire la teneur en beurre de cacao des fèves, qui est un élément essentiel pour la fabrication du chocolat. La diminution des précipitations pourrait altérer l’arôme des fèves, qui est influencé par les micro-organismes présents dans le sol et dans les fruits. La variabilité des saisons pourrait modifier la couleur des fèves, qui est liée à leur maturité et à leur exposition au soleil. Le changement climatique pourrait aussi favoriser le développement de moisissures ou de parasites sur les fèves, qui affecteraient leur taux d’humidité et leur qualité sanitaire.

Selon une étude menée par l’Institut français de recherche pour le développement (IRD), le changement climatique pourrait entraîner une baisse de la qualité du cacao au Cameroun. Les auteurs ont analysé les caractéristiques physico-chimiques et sensorielles de 22 échantillons de cacao provenant de différentes régions du pays. Ils ont constaté que les fèves issues des zones les plus chaudes et les plus sèches présentaient une qualité inférieure à celles issues des zones les plus fraîches et les plus humides. Ils ont aussi observé que les fèves issues des zones les plus exposées aux variations climatiques présentaient une qualité plus hétérogène que celles issues des zones les plus stables.

Les impacts du changement climatique sur les conditions de vie des producteurs

Le changement climatique pourrait aussi affecter les conditions de vie des producteurs de cacao au Cameroun, qui sont déjà confrontés à de nombreux défis socio-économiques. La plupart des producteurs sont des petits exploitants, qui cultivent moins de 3 hectares de cacao et qui dépendent fortement de cette culture pour leur revenu et leur sécurité alimentaire. Le cacao représente en effet environ 70% du revenu des producteurs, qui vivent avec moins de 2 dollars par jour.

Le changement climatique pourrait réduire le revenu des producteurs, en diminuant leur production et leur qualité, et en augmentant leurs coûts de production. Les producteurs devraient en effet investir davantage dans des intrants agricoles, comme des engrais, des pesticides ou de l’eau, pour maintenir ou améliorer leur rendement. Ils devraient aussi faire face à une plus grande concurrence sur le marché international du cacao, qui est dominé par quelques grands acteurs, comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana.

Le changement climatique pourrait aussi augmenter la vulnérabilité des producteurs, en aggravant leur insécurité alimentaire, leur pauvreté et leur exclusion sociale. Les producteurs pourraient en effet souffrir d’une baisse de leur accès à la nourriture, à l’eau, à la santé et à l’éducation, en raison de la diminution de leurs ressources et de leurs opportunités. Ils pourraient aussi subir une perte de leur identité culturelle et de leur autonomie, en étant contraints d’abandonner leur mode de vie traditionnel ou de se déplacer vers d’autres régions.

Les stratégies d’adaptation au changement climatique

Face aux menaces du changement climatique, les producteurs de cacao au Cameroun doivent mettre en place des stratégies d’adaptation pour assurer la pérennité de leur culture et améliorer leurs conditions de vie. Ces stratégies peuvent être de deux types : l’adaptation autonome, qui repose sur les initiatives individuelles ou collectives des producteurs, et l’adaptation planifiée, qui repose sur l’intervention des pouvoirs publics ou des organisations privées.

L’adaptation autonome consiste à modifier les pratiques agricoles ou à diversifier les sources de revenu des producteurs. Par exemple, les producteurs peuvent adopter des variétés de cacao plus résistantes à la sécheresse ou aux maladies, améliorer la gestion du sol ou de l’eau, pratiquer l’agroforesterie ou l’agriculture biologique, ou encore se former aux techniques de récolte et de transformation du cacao. Les producteurs peuvent aussi se tourner vers d’autres cultures ou activités économiques, comme le café, le palmier à huile, l’élevage ou le tourisme rural.

L’adaptation planifiée consiste à renforcer les capacités et les opportunités des producteurs grâce à l’appui des acteurs institutionnels ou privés. Par exemple, les pouvoirs publics peuvent mettre en place des politiques publiques favorables au secteur du cacao, comme la régulation du marché, le soutien financier, le conseil technique ou la protection sociale. Les organisations privées peuvent aussi contribuer à l’adaptation des producteurs, comme les coopératives agricoles, les entreprises chocolatières ou les ONG.